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HUMUSATION, AQUAMATION, PROMESSION : DE NOUVELLES ALTERNATIVES ÉCOLOGIQUES



Le monde se transforme, la planète a besoin d'aide. Les préoccupations environnementales sont de plus en plus présentes, ce qui amène de nouvelles alternatives à l'inhumation et à la crémation à se développer. On parle d'humusation, d'aquamation ou encore de promession. Mais quelle sont ces nouvelles méthodes plus écologiques qui commencent à apparaître dans certains pays mais qui restent interdites en France ? Les pompes funèbres Le Papillon font le point.


Inhumation-Crémation : quel impact sur l'environnement ?


Une étude française sur l'impact environnemental des obsèques commandée par les services funéraires de la Ville de Paris en 2017 a montré qu'une inhumation produisait jusqu'à 833 kg de CO2, ce qui correspond pratiquement à la même quantité qu'un vol aller-retour Paris-New York.


La crémation, qui est de plus en plus choisie par les français, émet en moyenne l'équivalent de 3% des émissions carbone d'un français sur un an. C'est moins que l'inhumation (qui en émet 11%), mais ce n'est pas pour autant plus "vert". En effet, le formol qui est injecté en grande quantité dans les cadavres pour les soins de thanatopraxie est un liquide très polluant. De plus, ces soins de conservation sont pratiqués sur environ 70% des corps.


La crémation d'un corps formolé rejette des dioxines semblables à du poison. Depuis 2018, la loi impose aux crématoriums français de s'équiper de filtres prévenant la diffusion de poussières et de certains métaux, mais ces filtres n'empêchent pas les formaldéhydes de se répandre dans l'atmosphère.


La pollution au formol n'est pas la seule, il y a aussi le mercure qui pose problème. Il est de moins en moins utilisé mais on le trouve encore notamment dans les amalgames dentaires, chez les personnes âgées généralement.


L'humusation : votre corps transformé en compost


L'humus est la matière issue de la décomposition de matière organique et végétale, présente dans le sol. Le procédé d’humusation consiste donc à transformer le corps du défunt en compost naturel à l’aide de micro-organismes, en quelques mois seulement. Cette méthode 100% naturelle s’inspire de l’écosystème des forêts, où le compost y est essentiel.


Afin que le processus fonctionne, le corps du défunt doit être en contact direct avec la terre, sans être placé dans un cercueil. Le cercueil étant obligatoire en France, l'humusation y est pour le moment illégale. Le procédé est développé de deux façons différentes, aux Etats-Unis et en Belgique.

Comment se déroule une humusation de corps ?


Elle se déroule en 4 étapes :


1- La préparation du corps


On enveloppe le corps dans un linceul biodégradable puis on le dépose sur des copeaux de bois humidifiés par de l'eau de pluie et de l'argile. Vient alors la cérémonie des obsèques où la famille et les proches peuvent laisser un dernier message.


2- Formation de la hutte


On recouvre le corps avec les mêmes copeaux de bois afin de former une hutte. Cette dernière est recouverte de paille, de feuilles mortes et de pelouses tondues. Devant la sépulture, on érige une stèle en bois ou en pierre avec le nom du défunt et sa date de décès gravés dessus.


Le corps peut alors commencer à se décomposer, ce qui va créer une chaleur avoisinant les 70 degrés. Ce modèle est calqué sur le sol des forêts où cette haute température fait fuir les animaux sauvages et tue les germes qui peuvent être pathogènes.


3- Le travail des “humusateurs”


Trois mois après, le corps s'est presque entièrement décomposé. Des "humusateurs" agréés viennent retirer les prothèses métalliques ainsi que les dents et les os du défunt qui sont réduits en poudre puis replacés dans la sépulture.


4- La formation du terreau


Neuf mois après, le corps est entièrement décomposé. S'est créé 1,5m³ d'humus qui peuvent fertiliser une centaine d'arbres. D'ailleurs, une partie de ce terreau peut être utilisée pour faire pousser un arbre qui sera planté dans le "bois du souvenir" afin de créer un lieu de recueillement.


L'aquamation : la dissolution du corps par l'eau


L'aquamation ou "hydrolise alcaline" consiste à la crémation par l'eau plutôt que par le feu. Cette méthode combine la chaleur et l'alcalinité à une eau en mouvement pour liquéfier les tissus du corps. Dix fois moins énergivore que la crémation, ce processus n'émet aucune vapeur toxique ni aucun gaz à effet de serre.


Comme l'humusation, l'aquamation n'est pas légale en France. Elle est cependant autorisée dans certains pays comme l'Australie, certains Etats des Etats-Unis et le Canada.


Comment se déroule l'aquamation ?


Cette méthode consiste à immerger le corps dans un grand caisson en inox rempli d’eau et d’une solution alcaline. Ensuite, grâce au mouvement et à la température du liquide (environ 180°), a lieu une dissolution des chairs. Après plusieurs heures (de 6 à 12 heures), il ne reste plus que les ossements et le liquide dans le caisson.


Le liquide, riche en matières organiques, peut servir de fertilisant pour une plante ou être neutralisé avant d'être retourné à l'usine de traitement des eaux. Les ossements, eux, sont broyés et placés dans une urne qui peut ensuite être inhumée.


Les avantages de l'aquamation


- Cette méthode est écologique puisqu'elle requiert 10 fois moins d'énergie que la crémation. De plus, 160 fois moins de CO2 sont diffusés dans l'air lors de sa réalisation.


- C'est une méthode sanitaire puisque les virus et les agents pathogènes sont neutralisés. La solution alcaline associée à une température de 180°C permet également de neutraliser les formaldéhydes introduits pendant la thanatopraxie.


- Les résidus métalliques sont récupérables, ce qui n'est pas le cas pour la crémation et l'inhumation. Par exemple, les stimulateurs cardiaques ou tiges de métal que le défunt a fait implanter de son vivant sont récupérables et recyclables.


La promession : la réduction du corps en de très fines particules


La promession est un procédé funéraire innovant mis au point en 1999 par le docteur Susanne Wiigh-Mäsak, scientifique et biologiste suédoise qui a effectué plus de 20 ans de recherches sur cette méthode. Il s'agit d'une alternative écologique aux rites funéraires traditionnels décrite comme une combinaison entre une crémation « verte » et une inhumation.


Le processus de promession, aussi nommé "lyophilisation", repose sur la désagrégation de la dépouille en fines particules. Cette méthode est plus naturelle que l'inhumation car seuls les restes organiques sont inhumés et plus "verte" que la crémation puisqu'elle n’émet ni particule de CO2, ni vapeur toxique.


La promession est actuellement autorisée en Suède, au Royaume-Uni, en Corée du Sud ainsi qu’en Afrique du Sud, où des centres dédiés, appelés « promatoriums », se développent peu à peu. En France, elle est illégale car la loi autorise seuelement l’inhumation et la crémation et rend obligatoire l’usage d’un cercueil.

Crédit photo : Promessa Organic


Comment se déroule une promession ?


Elle se déroule en 6 étapes :


1- La conservation du corps


Le corps du défunt est conservé à une température de -18 °C pendant plusieurs jours.


2- Le bain d'azote liquide


Le corps est ensuite plongé dans un bain d'azote liquide à -196 °C. A cette température, la matière organique devient extrêmement fragile en raison de sa forte teneur en eau.


3- La table vibrante


La dépouille, friable, est placée sur une table vibrante. Les vibrations (mécaniques ou par ultrasons) vont entraîner la réduction du corps en fines particules.


4- Introduction de la poudre dans une chambre à vide


On obtient alors une poudre qui va être introduite dans une chambre à vide, dans laquelle l'eau, représentant environ 70% du volume, est extraite.


5- Séparation des métaux polluants


On sépare ensuite les métaux plluants tels que le mercure qui se trouve dans les amalgames dentaires ainsi que les prothèses dentaires de la poussière sèche obtenue.


6- Placement dans une urne biodégradable


Enfin, les restes du défunt qui sont devenus totalement organiques et écologiques sont placés dans une urne biodégradable puis inhumés à faible profondeur.

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