Evoquer la disparition de sa grand-mère, échanger sur la fin de vie d'un proche, aider à faire le deuil… Il n'est jamais facile de parler de la mort à un enfant. Pourtant, la plupart d'entre eux sont préoccupés par ce sujet. Et dans certaines situations, les questions peuvent fuser. C’est généralement vers 3 ou 4 ans qu’un enfant se pose les premières questions sur la mort. Il cherche à comprendre le monde. Alors comment leur répondre ? Faut-il tout leur dire ? Avec quels mots ? Les pompes funèbres Le Papillon vous offrent 10 conseils.
1- Evitez les métaphores
Vous devez bannir les images telles que "Ta mamie est partie" ou encore "Ton grand-père s'est endormi pour toujours". Cela peut brouiller le message et empêcher l'enfant d'intégrer la réalité de la mort. En utilisant le verbe "endormir", il peut par exemple associer le décès au sommeil et du coup avoir peur de s'endormir.
Vous devez tout simplement dire la vérité, que la mort est naturelle et que tout être vivant va mourir un jour. Les spécialistes conseillent d’expliquer que quand on meurt, on ne bouge plus, on ne parle plus, on ne respire plus et on ne rit plus.
2- Parlez simple et vrai
Vous devez adapter votre discours à l'âge de l'enfant que vous avez en face de vous. Utilisez des mots simples mais justes. Ne mentez pas ! N'hésitez pas à utiliser les mots « mort », « être mort », « en train de mourir ». Même si vous avez l'impression que c'est dur pour un petit être comme lui, sachez qu'il a besoin de ça pour comprendre la situation.
Ne lui donnez pas de faux espoirs. Si par exemple, il vous demande s'il reverra la personne morte, dites lui que ce ne sera pas possible mais qu'il pourra toujours penser à elle. Proposez lui de regarder des photos ensemble ou de relire ses lettres.
3- Ne mentez pas mais ne dites pas tout non plus
Il faut parler de la mort à son enfant, c'est important, mais ne vous sentez pas obligé d’entrer dans les détails. Votre enfant a besoin de comprendre la réalité de la situation, oui, mais pour cela, il n'a pas besoin de savoir dans quelles circonstances le proche est décédé, surtout si ce sont des circonstances tragiques.
Répondez simplement et sincèrement aux questions qu'il vous pose, n'allez pas plus loin. Ne devancez pas ses interrogations. Aussi, quand vous ne savez pas, dites le lui, c'est mieux que d'inventer. Par exemple, "Y a-t-il une vie après la mort ?", répondez que vous n'avez pas la réponse.
4- Soyez bienveillant
Expliquez lui qu'il n'y est pour rien dans le décès de la personne. Soyez à l'écoute, apportez lui du réconfort et rassurez le. Dites lui que vous allez l'aimer comme avant.
Il arrive souvent que l'enfant puisse souhaiter inconsciemment la disparition d'un petit frère, d'une petite sœur ou d'un parent. Cela fait partie des conflits psychiques, des rivalités que l'on dépasse lorsque l'on grandit. Dans ce cas, la disparition réelle peut entraîner une importante culpabilité chez l'enfant. Il faut alors lui expliquer que ce que l'on pense ne peut pas faire mourir quelqu'un.
5- Ne cachez pas votre tristesse
Vous ne devez pas mentir avec vos mots mais aussi avec vos émotions. Dans la relation parents/enfants, il faut toujours rester authentique. Vous avez le droit de pleurer ensemble, vous pouvez lui faire un câlin. Vous devez l'inclure à la réalité de ce malheur, cela lui permettra de se sentir moins seul.
Vous devez mettre des mots sur les émotions que vous ressentez. Cette attitude aidera votre enfant à poser des mots lui aussi sur ses propres émotions.
6- Sachez passer la main
Il faut montrer vos émotions à vos enfants mais si vous sentez que le chagrin que vous ressentez vous fait perdre vos moyens ou que vous n'arrivez pas à lui accorder du temps en cette période difficile, alors appuyez vous sur un tiers.
Le tonton, la tata, le frère, la sœur, un ami… Faites appel à un proche afin qu'il puisse parler à votre enfant. Il faut accepter que vous n'ayez pas la force de l'aider. La plus grosse erreur serait de le laisser seul.
7- Accompagnez votre enfant à faire le deuil
Comme vous, votre enfant a besoin de faire le deuil de ce proche disparu. Laissez le assister à l'enterrement avec vous et toute la famille. Vous pouvez même le laisser voir le mort s'il le demande, à condition que la personne soit reconnaissable.
Il est essentiel que votre enfant puisse y participer parce que cela lui permettra de réaliser la disparition de la personne. S'il n'est pas présent à l'enterrement ou ne peut pas voir le mort, il peut se créer plus tard une grande douleur, celle de ne pas avoir pu dire au revoir à la personne.
8- Ne vous alertez pas face au comportement de votre enfant
Parfois, l'enfant continue de vouloir jouer comme si rien ne s'était passé. Ne vous alertez pas, il ne s'agit pas forcément d'un déni. Ces phases de jeu alterneront avec des phases de colère et de tristesse.
Cependant, vous pouvez commencer à vous inquiéter s'il y a un repli sur soi ou de l'apathie. L’apathie est un état d’indifférence généralisée qui se traduit par l’absence partielle ou totale de réponse à certains stimuli habituels. Un comportement apathique peut être la conséquence d’un traumatisme émotionnel, de troubles psychologiques ou de lésions cérébrales.
9- Utilisez des livres
Si vous n'arrivez pas à trouver les mots, vous pouvez vous aider des livres. Il en existe beaucoup qui traitent du sujet de la mort et qui sont destinés aux enfants. L'avantage, c'est que ces bouquins écrits par des professionnels utilisent des mots simples adaptés à leur âge.
Quelques livres conseillés :
- La mort expliquée aux enfants, Jean-Jacques Charbonier - Les questions des tout-petits sur la mort, Marie Aubinais, Anouk Ricard et Daniel Kerleroux
- Si on parlait de la mort, Catherine Dolto - Tu vivras dans nos cœurs pour toujours, Britta Teckentrup
- Mes p’tits pourquoi : la mort, Stéphanie Duval
10- Consultez lavielamortonenparle.fr
La Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP) a créé un site Internet (lavielamortonenparle.fr) pour accompagner parents et monde éducatif, dont les infirmières et les médecins scolaires, à aborder ces sujets avec enfants et adolescents.
Le site regorge de ressources, soit une centaine de notices synthétiques qui éclairent les questions fondamentales, prosaïques comme plus existentielles, que tout un chacun peut se poser. On y trouve des articles, des témoignages d’acteurs de terrain, des courtes vidéos ainsi que des livrets à télécharger : du contenu rigoureux, scientifiquement validé mais à la portée de tous.
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